
J'ai adoré La nuit se traîne de Michiel Blanchart.
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Je suis sortie de là, hyper contente: j'avais prévu d'enchaîner sur un autre puis finalement, je suis rentrée chez moi pour garder un peu de celui-là en tête.
D'abord la B-O qui donne son titre au film: c'est pas le plus important mais j'adoooore cette chanson de Petula Clark. En plus, elle a accompagné tout mon début d'été. Elle est parfaite à hurler sous la douche ou dans un karaoké.
Blague à part:
Je trouve que Jonathan Feltre est juste incroyable dans ce rôle de serrurier qui se retrouve malgré lui, au coeur d'une sombre affaire de banditisme. Le reste du casting ne démérite pas!
J'ai aussi été fort marquée par la prestation de Jonas Bloquet (Élève libre) qu'on retrouve, du côté des malfrats, auprès de Romain Duris, Thomas Mustin (Mustii) et Natacha Krief (Des jeunes filles enterrent leur vie) incarnant sa soeur et complice dans le film.
Pour la plupart, la nuance apportée à leurs personnages est touchante, proche de nous, surtout quand ils ne tentent pas de caricaturer la pègre mais qu'ils se montrent simplement humains, parfois acculés. La gamme des émotions se lit si bien sur le visage de Jonas Bloquet, en ange de la nuit à la coupe blonde peroxydée, qu'on sait plus parfois pour qui on tient dans ce film.
Dans la caméra de Michiel Blanchart, Bruxelles est une reine, elle brille tout au long de cette longue nuit blanche aux couleurs mordorées. La capitale belge est sans hésiter, un des personnages incontournables du film.
Comme autant de tiroirs, le jeune cinéaste dépeint les différentes facettes de la ville et ouvre pour nous les portes closes, explore caves, sous-sols et les vies qui y grouillent. Il nous balade dans le centre. On sourit de voir Bruxelles si bien filmée sous toutes ses coutures.
Blanchart nous en offre un autre imaginaire. Parfois on dirait carrément Gotham City.
Les plans en plongée et contre-plongée participent au rythme du film et son dynamisme: la capitale européenne est par moment aérienne, de quoi nous donner autant le vertige que cette nuit improbable et cette course contre la montre.
La nuit est une sorte de huis-clos cauchemardesque sur fond de contestation: ce soir-là, des manifestations contre les violences policières ont également lieu.
In fine, tout semble lié, cousu ensemble et ce thriller qui n'aurait a priori rien de politique, se drape brillamment, finement d'une couche supplémentaire: entre actions et course-poursuite, La nuit se traîne se nourrit aussi de son contexte. Sans faire des luttes antiracistes, le coeur de son oeuvre, le cinéaste les intègre intelligemment à un récit indissociable de la ville qu'il portraitrise, en pleine mutation sur les questions de justice sociale.
Il en capture le pouls avec beaucoup de justesse.
Tout se mêle et concourt à une ambiance électrique: le temps qui s'écoule, la violence qui gronde et l'atmosphère lourde des boîtes de nuit.
Bordels, night shop, corruption, précarité, dans une sorte de ballet nocturne, TDS, flics, brigands, SDF se croisent et les manifestant.e.s prennent la rue.
Bref, La nuit se traîne un premier long-métrage plus que jouissif et prometteur pour ce jeune réalisateur.