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Je trouve que Jacques Audiard est un cinéaste intéressant. Je ne connais pas toute sa filmographie mais il a une capacité impressionnante à se renouveler et proposer des histoires variées très connectées à un contexte actuel tout en posant des questions plus intemporelles. Il parle pas mal de lien et de solitude aussi, d'une humanité qui se cherche. Et en allant chercher des acteurices de tous bords qui embrassent parfaitement leurs rôles et sa caméra. Genre Un Prophète et Les Olympiades, y a un gap mais ces éléments s'y retrouvent. J'y trouve quelque chose de très touchant.
On m'a dit tout et son contraire sur Emilia Pérez, et de moi à moi ce fut pareil. Je suis sortie mitigée. Cinématographiquement, c'était un bon film. Il m'a habitée encore un peu, il est audacieux et réussi sur pas mal de plans. On plonge dans la réalité non du Mexique mais des cartels, de la corruption qui en sont un des aspects. Et bien sûr, c'est fait avec la limite de la fiction qui s'assume complètement. On parle aussi des milliers de disparu.e.s et c'était assez fort aussi d'intégrer ça dans le film: qui n'a pas vu ces docus Arte qui parlent de familles qui cherchent des années, leurs proches disparu.e.s?
Puis le narcotrafic, c'est pas mexicain: c'est mondial. Quand des gens ici, artistes bohèmes, jeunes branchés, avocat.e.s réputé.e.s ou politiques se font des rails, on ne peut pas dire qu'on n'est pas concerné.e.s. Bref, un thriller prenant, une mise en scène audacieuse et carrée (je n'aime pas les comédies musicales pourtant celle-ci, même en chantant faux, je l'ai trouvée réussie).
Mais...car y a un mais.
J'ai eu un vrai problème avec le traitement de la transidentité du personnage tout le film. Je suis une femme cis mais y avait quelque chose de dissonant, gênant que je n'ai pas su nommer tout de suite: le fait qu'elle soit traitée de façon un peu scolaire, confuse et superficielle alors même qu'elle porte le film.
La transidentité d'Emilia semble indissociable du besoin de repentance du personnage. C'est asséné de façon répétitive et même lassante: changer de vie, changer de vie, changer de vie. Et ce changement induit la mort, la disparition. La métaphore m'a parue un peu grossière et c'est dommage. Dommage car un film grand public avait toutes les chances de poser les jalons de plus de clarté et de compréhension des transidentités, multiples, encore trop complexes pour beaucoup de gens et souvent mal traitées dans les médias.
Au final, plusieurs choses se mêlent dans la personnalité attachante d'Emilia. Elle n'échappe pas totalement à son passé mais quel passé! Celui d'une trafiquante, cheffe de cartel sanguinaire qui n'a jamais été punie pour ses actions. Sa naïve volonté de les réparer peut-elle faire oublier que pour autant, elle ne sera jamais soumise à cette justice corrompue? Exactement comme ce mari ultra riche acquitté après avoir tué sa femme, en début de film? Emilia est un élément du problème dénoncé en ouverture: l'absence de justice.
On aura bien saisi l'image du ver qui devient papillon mais en fait, le changement auquel aspire le personnage dépasse totalement sa transidentité, il est plus profond et n'a presque rien avoir. Et j'ai trouvé qu'il manquait vraiment des nuances à cet endroit-là qui font que le film se loupe sur ça et c'est dommage. Il manquait juste quelques degrés de finesse.
Reste que Karla Sofia Gascon qui incarne Pérez transperce l'écran, magnifique, divine et talentueuse, comme le reste du casting- Zoé Saldana (je l'ai grave matée tout le film), Selena Gomez et Adriana Paz- féminin qui tire avec puissance, ce dernier film du maître français.
Leur palme de meilleures actrices était amplement méritée. C'est déjà ça.